La nuit du 5 mars, Napoléon passe la nuit à Gap à l’Auberge Marchand, 17 rue de France.
Une plaque commémorative se trouve Rue de France pour marquer l’emplacement de l’hôtel Marchand où Napoléon dormit.



Une anecdote historique :
Le civil, quand sa cheminée prend feu, appelle de l’aide. Pas Napoléon Bonaparte. Dans son petit hôtel de Gap, le lundi 6 mars 1815 au matin, quand l’âtre s’enflamme, l’Empereur reste stoïque, sort son pistolet et tire un coup de feu dans l’âtre. Bruit sourd, nuage de suie et de fumée, on croit à une explosion, à un attentat. Quand l’Empereur apparaît sain et sauf à sa fenêtre, il est acclamé avec enthousiasme…
Mais tout le monde n’est pas vraiment ravi à l’idée du retour impérial. On a fait venir le maire de la ville, le marquis Jean-François d’Abon, colonel du génie en retraite. Quand Napoléon lui demande ce qu’il pense de son retour, le maire lui répond sans ambages : « Je crois qu’il est malheureux pour la France, comme pour vous… »
Napoléon est entré la veille dans Gap, en arrivant de Tallard. En grande pompe. Un escadron de cavalerie sonnant de la trompette, des officiers distribuant des pièces d’or et Napoléon monté sur un cheval persan gris. On entre par la rue de Provence (aujourd’hui rue Colonel-Roux) et les 500 hommes se retrouvent sur la place Saint-Étienne. C’est le centre névralgique de la ville, désormais rebaptisée place Jean-Marcellin, en hommage au fameux sculpteur gapençais du XIXe siècle. Une charmante place bordée de maison aux façades colorées, avec des terrasses accueillantes et une fontaine centrale au doux clapotis. La mairie, l’office de tourisme et les commerces sont à quelques pas. C’est toujours une étape obligée de la balade gapençaise.
Mais l’Empereur file par la rue de France. Le fidèle Cambronne lui a réservé une chambre au numéro 19, à l’hôtel Marchand. Un établissement de bonne réputation, fréquenté par la bourgeoisie locale.
D’après la description des historiens, l’hôtel n’a pourtant rien d’un palace : deux pièces en bas, et quatre chambres à l’étage, accessibles par une échelle de meunier ! C’est aujourd’hui un immeuble d’habitation, avec à son pied un magasin de chaussures (lire encadré).
Au petit matin, le général Cambronne, avec l’avant-garde, quitte Gap pour monter le col Bayard. Le reste de la troupe a enfin quartier libre. Il faut reprendre son souffle avant d’attaquer la route du Champsaur. Elle file au-dessus de Gap, à l’abrupt, en serpentant. On monte si vite qu’au détour des premiers virages, on découvre toute la ville à ses pieds, avec une vue panoramique. Le col Bayard affiche 1 200 mètres d’altitude, et on entre dans le Champsaur, rencontrant le Drac, que l’on ne quittera plus jusqu’à La Mure. Une vallée encaissée, une route difficile, aujourd’hui encore.
Pour la troupe, il y a 200 ans, c’est la neige, et les bourrasques. C’est même si difficile que Napoléon a fait don d’une somme importante au Département pour construire six refuges, et sécuriser le passage de cols dangereux en Champsaur et Valgaudemar.
Phrase
« Je suis tranquille depuis l’heure où j’ai mis le pied sur le territoire des Hautes-Alpes. »Napoléon Bonaparte, Le dimanche 5 mars 1815